27 août 2011

1984

"C’était une journée d’avril froide et claire. Les horloges sonnaient treize heures." Voila l'un des incipit les plus célèbre de la planète, pour un roman qui l'est encore plus. Est-il encore besoin de présenter Big Brother, ce leader omniprésent, dont les portraits envahissent le moindre mur de la ville de Londres en cette année 1984? Le camarade Winston étouffe dans cette société totalitaire où il ne se sent pas à sa place. Jusqu'au jour où il rencontre la belle Julia et se met à croire en ses rêves.




Alors c'est bien?

1984 est le genre d'ouvrage qui fout la pression. Il fait parti de la catégorie des livres cultes ; genre si tu l'as pas lu a 50 ans tu as raté ta vie. Ça faisait au moins 5 ans qu'il traînait dans ma bibliothèque sans que je puisse me résoudre à le commencer. De temps en temps je le sortais de son étagère, le contemplais deux trois minutes, rassemblais tout mon courage....et le remettais à sa place. La pression je vous dis! Il aura fallu l'organisation d'une lecture commune pour que je me jette enfin à l'eau.

Une simple chronique littéraire ne suffirait pas à en faire le tour. Il y a trop de choses à dire. Si je devais résumer cette œuvre en un mot, ce serait "glaçant". Orwell nous met en présence d'une société déshumanisée, ou la notion d'intimité n'existe plus et où le lien humain à totalement été détruit. Cette lecture a été pénible pour moi. Non pas à cause du style qui est impeccable, mais de la violence qui émane du texte, de cette atmosphère froide et ce sentiment de désespoir qui vous étreint la gorge.

Rien n'est formellement interdit en Océanie, mais tout comportement considéré comme non orthodoxe peut vous porter préjudice. Le Parti ne puni pas, il rééduque. La peur, la colère, la délation sont encouragés dès l'enfance, alors que l'amour, l'amitié et le sexe sont réprimés. On monte les femmes contre les hommes, les maris contre les épouses, les enfants contre leurs parents.

Le "Parti" a mis en place la dictature ultime, métaphore des peurs de l'auteur et de son époque. Car il ne faut pas oublier que malgré la modernité du texte, ce livre a été publié en 1949. On peut donc clairement voir une référence au régime soviétique dans ce parti unique, avec son chef charismatique objet d'un culte de la personnalité, ses slogans, ses défilés, ses camps de travaux forcés, son déni du "moi" au profit du "nous".

On peut aussi y voir de la méfiance vis à vis de la modernité. En Océanie tout progrès technologique est utilisé pour intensifier la répression. L'innovation n'est pas encouragée, sauf dans les domaines de l'armement et de la rééducation (torture). Les télécrans, présents dans toutes les maisons, émettent et transmettent simultanément et sont impossibles à éteindre.. Le moindre mouvement (et son) est retransmis. Il n'y a plus d'espace privé ou intime si ce n'est, comme le dit Winston : "dans les quelques centimètres carrés de son propre corps".

Mais le plus effrayant dans tout ça, c'est la falsification de l'histoire et la double pensée. Pour le Parti le passé n'existe pas en soi, seulement dans l'esprit des hommes et dans les preuves matérielles de son existence. Si ces preuves là sont truquées, si le peuple croie en ce changement, alors le trucage devient réalité. Ce qui nous amène à la double pensée. Cette gymnastique intellectuelle imposée par le Parti consiste à croire inconditionnellement tout ce qui est affirmé par les autorités, même si c'est totalement improbable. Si le Parti dit que tu as cinq doigts, alors tu en as cinq. S'il dit qu'un fait n'a jamais eu lieu, il n'a jamais eu lieu.

Cette lecture m'a donné un vague sentiment de désespoir et l'envie de réunir tous mes potes pour aller faire la fête. Elle a aussi une consonnance particulière quand on est né, comme moi,  en 1984.

Livre lu dans le cadre d'une lecture commune avec : Hidile,Felina, Aurélie, lau1307, Tchae, Rose, Kincaid,lynae, Korto,
                                        
Titre VF :  1984
Titre VO : 1984
Auteur : George Orwell
Genre : Science fiction

10 commentaires:

Hidile a dit…

Tu as tout dit. Lecture glaçante mais enrichissante. J'y ai aussi vu une métaphore des régimes totalitaires de l'époque d'Orwell : l'Allemagne nazi, l'URSS de Staline. Et je n'ai pas pu éviter de penser à la Corée du Nord dés le début.

Lau1307 a dit…

Personnellement, je n'ai pas accroché, seulement au moment où Julia et Winston se rencontrent...

Aurélie. a dit…

Tu as vraiment raison. C'est une lecture glaçante, qui fait vraiment peur. Et pourtant, elle fait réfléchir et c'est très intéressant.

Modern Princesses a dit…

1984. mon premier choc littéraire!
J'avais lu Flaubert, Hugo, Maupassant, et tous ces auteurs qu'on vous recommandent "chaudement". Mais il aura fallu 1984 pour ressentir ce choc. Comme l'évidence que l'ouvrage que l'on tiens dans les mains est un chef d'oeuvre, qu'une fois la dernière page lue, il y aura un après et un avant!

Je n'ai jamais lu ressenti ce frisson dans les os. Mais qui sait...

Lilly a dit…

Tu as parfaitement résumé l'idée du livre. Ce livre fait froid dans le dos, il ne laisse pas indifférent je pense.

kincaid a dit…

Bonjour,
Tu as parfaitement trouvé le mot pour cette lecture : "glaçant" !
Une belle découverte néanmons, je ne regrette pas de l'avoir lu !!

Ptitetrolle a dit…

Une très belle chronique sur un livre culte ! Je comprend ton envie de faire la fête après ça, c'est impossible de sortir de cette lecture avec le sourire...
Au final, regrettes-tu d'avoir tenté l'aventure ?

Ceinwin a dit…

@ Hidilde : je pensais plus au parti communiste qu'au parti nazi, mais Orwell a forcément dû y penser

@Laura : je comprends, ce genre d'ouvrage, soit on aime soit on déteste.

@Modernprincesses : c'est clair qu'en le lisant on comprend tout de suite pourquoi c'est un chef d’œuvre, mais il reste trop déprimant pour être parmi mes préférés

@Aurélie, Lilly et Kincaid : je crois que nous sommes tous d'accord sur ce point : ce roman fait beaucoup réfléchir

@Ptitetrolle : Merci! Non je ne regrette pas du tout, on sort plus riche de cette lecture à mon avis. par contre je ne suis pas sure de le relire un jour.

Lynnae a dit…

Il m'arrive souvent d'hésiter longuement avant de sortir un livre de ma PAL, surtout lorsqu'il a une telle renommée (pas le cas pour celui-là, comme j'avais vu un extrait au lycée). Je me sentirais aussi bizarre si j'étais née en 1984 après lecture ...

Luna a dit…

Je que j'aime dans 1984 c'est qu'à chaque fois que je le lis, je sors de cette lecture totalement bouleversée : il est tellement crédible... j'ai l'impression qu'à chaque relecture, je découvre une nouvelle facette à l'histoire.
Je trouve ce livre d'une force incroyable !

Après on aime ou on aime pas, mais je pense que la plupart des lecteurs (qui aiment ou non) seront d'accord pour dire que c'est un livre à lire :)

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