17 févr. 2011

La Servante écarlate

La Servante écarlate se déroule dans un proche avenir dans la République de Gilead, un pays formé à l'intérieur des frontières de ce qui était auparavant aux États-Unis. Elle a été fondée sur un coup d'Etat théocratique-militaire organisée comme une réponse idéologique à la dégradation généralisée écologique, physique et social du pays.

Commençant par la mise en scène d’une attaque terroriste (imputé à des extrémistes islamistes) qui tue le Président, un mouvement qui se fait appeler "Fils de Jacob" lance une révolution, évince le Congrès, et suspend la Constitution des États-Unis sous le prétexte de rétablir l'ordre. La nouvelle dictature théocratique militaires, se baptise "La République de Gilead", et met tout en place rapidement pour consolider son pouvoir et réorganiser la société sur un nouveau régime militarisé, fondé sur les principes chrétiens de l'Ancien Testament.

L'histoire est présentée du point de vue d'une femme appelée Defred. Le personnage fait partie d'une catégorie d'individus à des fins de reproduction.

Alors c'est bien?


Publié en 1985 La Servante écarlate (titre original : The Handmaid's Tale) est l’œuvre de l'auteure canadienne Margaret Atwood. Elle y décrit une réalité possible où la religion domine la politique dans une coalition totalitaire.

Il est impossible de ne pas penser à la montée en puissance du Tea Party et des mouvements chrétiens frôlant le fascisme à la lecture de ce roman dont on ne peut trancher s’il est dystopique et ou d’anticipation.
Gilead pourrait être les Etats-Unis. Et Serena Joy pourrait être Sarah Palin. Car si Gilead est une société fictive c'est une République Ultra Conservatrice qui en guise de protection des femmes les a placées en "espèce protégée" au sein de la société.
Cette contre-utopie nous présente une dictature religieuse encensée par les femmes au départ, qui a fini par se retourner contre elles leur ôtant au passage leur identité pour ne conserver que leur fonction reproductrice.
 Le roman ouvre une fenêtre intime et désespérée de la narratrice. Nous assistons à l'histoire d'une femme dépouillée de son identité et de sa dignité. Elle est réduite au rang "d'utérus sur pattes". Elle n’a plus de nom, et l’utilité de son corps n’est réduite qu’à sa fonction primale reproductrice. En tant que lecteur, nous ne savons que très peu de choses de Defred. Réduite à son utérus, anonyme, et se faisant devenant tout le monde : elle est universelle. Attention, si le roman est certes féministe, les hommes n'y sont pas stigmatisés pour autant. La narratrice est toujours consciente de ce que les deux sexes ont perdu en réduisant l'un des deux à l'état d'objet.

Un second courant important et peut être plus ignoré de l’œuvre mérite tout la considération du lecteur. Quand Defred tente d’expliquer la facilité avec laquelle cette société est mise en place, elle est surprise.
« [...] Il y avait des histoires dans les journaux, bien sûr, de cadavres dans des fossés ou des forêts, matraqués à mort ou mutilés, violentés comme ils disaient, mais il s'agissait d'autres femmes et les hommes qui faisaient ces choses-là étaient d'autres hommes. Aucun ne faisait partie des hommes que nous connaissions. Les articles des journaux étaient pour nous comme des rêves, de mauvais rêves, rêvés par d'autres. Quelle horreur, disions-nous, et c'était horrible, mais c'était horrible sans être crédible. »
 
Telle la grenouille dans l’eau chaude, les citoyens n’ont pas vu venir le changement. Ou tout du moins ils n’ont pas voulu voir les signes. Et quand ils ont voulu agir, fuir, se rebeller, il était tout simplement trop tard. Beaucoup verront dans Gilead un symbole du III Reich, mais ce ne serait qu’une vision, une analyse trop étriquée du symbole.

Le roman échappe à la caricature et ne fait jamais un tableau noir de ces évocations apocalyptiques. C'est ce gris noir qui terrifie et rend toute la mécanique fasciste possible : il y a toujours du bien dans le mal, du possible dans l'impossible.
Si l’action est absente de l’œuvre d’Atwood, cela ne fait qu’accentuer la proximité du lecteur avec les pensées de Defred. Impossible de s’en détourner, rien ne vous sauvera de cette petite voix.
En résumé La Servante écarlate se situe du côté de l’anticipation et offre une vision de l’avenir très pessimiste, plutôt effrayante mais terriblement crédible de la société.
Vous repenserez souvent à Defred une fois la dernière page tournée. Homme ou femme, La Servante écarlate n’est pas n’est pas une œuvre culturelle mais éducative. 
Et sa lecture n’est pas conseillée, mais INDISPENSABLE.

Cette critique a été réalisée par mon amie Walden.

Titre VF : La servante écarlate
Titre VO : The handmaid's tale
Auteur : Margaret Atwood
Genre : Science-Fiction


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